L’innocence, l'insouciance et l'enfance. Ses mots sont souvent liés. Car lorsqu'on est encore petit, on ne connaît pas la dangerosité du monde, on ne connaît pas les erreurs des autres, les tromperies, les arnaques, les mensonges qui te brisent le cœur. On ne pense qu'à jouer, courir et se faire des nouveaux amis. Mais ce n'est pas facile de se créer des amitiés, quand on est moqué car on dit ne pas voir la couleur de cette pomme. Personne ne croyait le petit Tyler, sauf elle.





Elle. Inséparable depuis leur rencontre. Voisins, camarades de classe, ami, confident. Ils se connaissent depuis leur naissance. Grandir ensemble a augmenté leur complicité et leur amitié. Ils se comprennent. Ils se disent tous. Ils se soutiennent. Elle et lui, personne ne peut les séparer. Les adultes les voyaient déjà comme des futurs mariés, tellement que ces deux enfants restaient collés l'un à l'autre. S'ils savaient. Tant qu'il pouvait être avec elle, Tyler était heureux. C'est grâce à elle que ses parents ont été mit au courant que leur fils ne voyait pas comme tout le monde. Car il le cachait, dès qu'il avait compris que ses yeux n'étaient pas comme ceux des autres.





Le mystère lié à ses yeux. Tyler ne les aimait pas, ses yeux. C'est à cette période que sa dépendance envers sa meilleure amie est née. Elle était ses yeux. L'adolescence arrivait, avec ses problèmes. Tous les autres garçons de sa classe étaient au moins sorti une fois avec une fille. Mais lui, pas encore. Est-ce que c'était à cause de son côté réservé ? Parce qu'il restait collé à sa meilleure amie ? Ou parce qu'il n'était tout simplement pas attiré par elles ? Peut-être que c'est tout ensemble. Peut-être que Tyler voulait juste rester avec sa meilleure amie, pour toujours. Il faisait tout avec elle. Il se sentait lui-même en sa présence. Elle, elle avait compris pourquoi il ne sortait pas avec des filles. C'était presque évident selon la jeune fille.





Depuis son enfance, il avait cherché à comprendre pourquoi ce prénom. Pourquoi Tyler ? Tant de questions posées à sa mère, et à son père, qui avaient toutes finies sans réponse. Jusqu'à ce jour. Ses dix-huit ans. Il avait encore posé la question. "Pourquoi ce prénom ?" Et sa mère avait enfin répondu. La femme lui avait demandé de s'assoir et lui avait tout raconté. Sa vie avant sa naissance, son voyage et surtout, son erreur. Son prénom venait de ça. L'homme qu'il avait toujours cru être son géniteur ne l'était pas ? Le jeune adulte comprenait mieux la distance que prenait son beau-père. Mais ce n'était pas ça qui l'avait plus choqué. Sa mère lui avait menti. Elle lui avait caché que son  vrai père était anglais, une rencontre d'un voyage, une erreur d'une nuit et une grossesse non voulue. Sa mère avait trompé son mari, mais elle lui avait caché, tout comme à son fils. C'était comme si tout devenait rouge dans son esprit. La colère s'était emparé de Tyler. Sa colère avait affecté son beau-père, qui en apprenant cette tromperie, ce mensonge, avait pris la décision de quitter sa femme. Sa mère, elle, en a voulu à son fils d'avoir fait éclater son couple, sa vie, sa famille. Elle n'avait jamais vraiment su comprendre son enfant. Et lui, il avait arrêté d'essayer de la comprendre, depuis ce jour-là.





Il avait peur. Peur de l'inconnu. Peur de cette rencontre. Peur de ce qu'il dira. Mais Tyler était devant chez lui. Devant cette personne qui était son père. Sa génitrice lui avait fini par donner ses coordonnées, après qu'ils se soient encore disputé. Et elle, elle était à ses côtés, sa meilleure amie. Elle avait voulu l'accompagner jusqu'à Londres. La jeune femme ne voulait pas le laisser seul, surtout qu'il a toujours eu besoin d'elle. Ty n'est rien sans elle. Avec du courage, il avait réussi à aller lui parler. Mais ce n'était pas comme il l'avait prévu. Son père ne voulait pas de lui, il avait déjà une autre famille. Un autre fils. Tyler n'était plus enfant unique, il avait un demi-frère. Il aurait pu tenter de parler plus avec son père, de proposer de nouer des liens, d'au moins se parler et d'apprendre à se connaitre, mais sa colère était toujours là. Et Ty avait quitté la maison de son père, avec l'intention de ne plus jamais le revoir. Lui aussi, il venait de faire une erreur.





La sérénité arrivait. De retour à Incheon, Ty et sa meilleure amie avaient décidé d'oublier leur famille, d'oublier ces personnes qui les rejettent et de rester ensemble. Pour se calmer, Ty cuisinait, surtout des pâtisseries. Sa meilleure amie, qui était devenu sa colocatrice, l'avait rejoint dans cette activité. Faire cette activité, ensemble, ça les apaisait. Ils ne s'étaient jamais rendu compte qu'ils faisaient ça depuis leur adolescence, cuisiner et pâtisser ensemble. Tout leur montrait qu'ils étaient complémentaires. Elle est son âme sœur. Ty en est sûr, une âme sœur en amitié. Si elle avait été un homme, ça aurait sûrement été plus que de l'amitié, ils le savent bien tous les deux. Elle a toujours été celle qui l'encourageait, qu'il l'aidait, l'écoutait, le rassurait. Et lui aussi, il a toujours été là pour elle. Leur idée d'avoir un café-restaurant, rien qu'à eux, était venu un soir où ils avaient rempli la table de nourriture. Bonnie & Clyde était née.





Tout allait mieux. Ty se sentait bien, avec sa meilleure amie, dans leur propre café-restaurant. Loin de leurs familles. Mais il n'était pas totalement en sécurité. Il redoutait quelque chose. L'homophobie. Ty ne l'assumait pas pleinement, son homosexualité, et puis surtout, il avait peur de ne pas être accepté, peur de la société, peur des remarques. Mais tant qu'il était avec elle, Ty oubliat ses peurs et pouvait être lui-même. Il pouvait lui parler des garçons qu'il voyait de son regard presque mystérieux. Mais ses yeux, était-ce une malédiction ? À cause de son don ? Lui permettre de parler avec les animaux lui avait donné cette vision, différente des autres ? On lui avait toujours dit que c'était génétique. Mais ce ne venait pas de sa mère. De son père alors ? Ty supposait que c'était le cas, qu'il était daltonien à cause de lui, et que son pouvoir aussi. Il avait tant de questions à poser à son géniteur, mais il ne voulait plus le voir. Alors, le jeune homme vivait avec. Il comptait sur sa meilleure amie, toujours là pour lui. Toujours là pour l'écouter parler à leurs animaux. Toujours là pour l'engueuler quand il fume trop. Toujours là pour être ses yeux.

Ils ont deux visions différentes, pourtant, ils sont complémentaires. Tel Bonnie et Clyde, rien ne les arrêtera.