(( Let's play passionately,
Life has just begun ))
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Gamin bruyant et espiègle, celui qui partait en courant riant de plus belle après avoir provoqué derrière lui l’apocalypse version miniature. Sa curiosité le poussait à grimper là où il le pouvait pour atteindre son Graal, mais sa maladresse faisait que tout finissait au sol en plusieurs morceaux. Explorateur, sa grande maison était l’endroit idéal pour assouvir ses soifs de chasseur de trésor. Les portes ne représentaient en rien un obstacle pour lui et son imagination débordante déjouait l’esprit simple des adultes. Si son père prenait soin de fermer à clef son bureau chaque fois qu’il le quittait pour éviter que Jun fasse des confettis ou utilise ses papiers comme des canevas, mais le garçon se glissait en douce quand ce dernier était trop concentré ou parti cherché un petit remontant et restait enfermer dans un placard jusqu’à ce que son paternel disparaisse et que la fête commence pour lui. Ou alors, il montait sur le petit rebord purement décoratif de la façade extérieur de leur villa qui reliait certaines fenêtres donnant sur des pièces différentes pour se rendre là où il le voulait. Rien ne l’arrêtait, plein de ressources, il n’y avait que la fatigue ou la faim qui pouvait le mettre ko et le forcer à repousser ses plans à plus tard.

Fauteur de trouble, il savait se montrer étonnamment patient quand il s’agissait de rendre fou ses parents. Les remontrances de ces derniers ne suffisaient pas à le stopper dans son élan destructeur pour la simple raison qu’ils étaient rares et que son grand-frère, Hyun, les prenait à sa place. Ce dernier essayait de réparer les bêtises de son cadet tant bien que mal, s’improvisant réparateur de porcelaine avec une glue qu’on trouve dans les petites supérettes, pro du collage pour rassembler les documents déchirés, ou encore Monsieur propre pour effacer les coups de crayon sur les murs blancs, les nappes blanches, les rideaux. Mais parfois, c’était trop. Ainsi, ce n’était pas ses parents qui le grondaient mais son frère. Quand il dépassait les bornes, c’est-à-dire souvent, son frère intervenait et c’était le seul à pouvoir l’arrêter. En grandissant, il avait réussi à trouver comment éviter cette case du sermon en le rendant simplement complice de ses méfaits. Pas seulement lui, mais également sa petite sœur, et son oncle. Il rit aux éclats si fort. Fourbe, il fait valser le petit monde autour de lui de ses rires et couleurs. Imprévisible et insouciant, le monde est pour lui une aire de jeu où les contraintes n’existent pas, où la seule loi est dictée par ses propres pensées.

Il aime tout le monde mais ne déteste personne. Il ne manque nullement d’attention mais il adore jouer des tours. Ses premières victimes sont toujours ses proches, aux inconnus il offre dans un premier temps son sourire le plus innocent avant de finir insupportable. Il est intenable. Il s’amuse tout simplement. Il n’a ressenti de jalousie pour personne, du moins peut-être les autres enfants de ce fameux programme de parrainage car il ne comprenait tout simplement pas. Mais son froncement de sourcil n’a duré que quelques instants, le temps qu’il réalise que cela lui faisait encore plus de camarades de jeux, plus de victimes de son esprit chenapan.




(( Let's play harder,
Life is so much fun ))
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Adolescent confiant et fier, il continue à rendre fous les gens qui l’entourent. Le public est toujours le même mais il s’est même étendu à ses camarades de classe et ses professeurs. Plutôt que jouer des tours, il a appris à faire tourner la tête des demoiselles de sa guitare et de sa voix – il sait que sa bouille fait le reste. Plutôt que faire fuir en les embêtant trop, il invite les garçons à jouer, au foot, aux arcades, qu’importe tant qu’ils s’amusent. À ses professeurs, il leur réserve toujours ce sourire innocent par les notes parfaites qu’il aligne sur son bulletin scolaire, tout en promettant une classe agitée (n’importe quel prof soupire au moment de découvrir la composition de sa classe et à la lecture de son nom) où il se prend pour une star. Et ce n’est pas faux pour le coup, il est apprécié plus que détesté, envié plus que jalousé. Il n’est pas le seul à être mis sur un piédestal, ceux qui font partie de son cercle le sont également : ces meilleurs amis, ces amis de toujours, ces amis d’enfance. Il a l’impression que rien ne peut l’arrêter, qu’il est simplement roi. L’éveil de son don renforce cette impression, il se sent puissant, il a l’impression d’être un élu. Il n’est pas encore arrogant, mais il se sent simplement spécial. Plus il découvre cet héritage qu’il ne connaissait pas et plus il est fasciné. Sa quête d’identité est loin d’être tourmentée, elle est pleine d’interrogation et d’émerveillement. Savoir qu’il peut compter sur son frère le rassure.

S’il arrive à s’épanouir ainsi, c’est sans compter le sacrifice silencieux de ce dernier surnommé « le fils prodige » autant par les yuji que les musighan. Les parents concentrent leur attention sur l’aîné mais Jun ne se sent pas négligé dans la mesure où ils restent toujours disponibles et qu’au final, il est libre. Du moins, c’est ce qu’il pensait. Quand il lui a fallu s’inscrire à l’université, il a réalisé que ses parents portaient à son égard des espoirs, des attentes, et il n’était pas prêt. Cela le laissait mal à l’aise sans pour autant l’étouffer. Plutôt que de se sentir contrarié, il était surpris et indécis sur les choix qu’il devait faire. Lui qui n’avait jamais rien calculé, prémédité, devait planifier soudainement son avenir. Il ouvrait les yeux sur une réalité qu’il aurait dû connaître bien plus tôt. Être un Do, c’était accepter des responsabilités et un certain héritage familial. On ne naît pas Do, on le devient.

La protection invisible de son frère avait ses limites et il en apercevait maintenant les premières. L’adolescent qu’il était se retrouvait face à un monde qu’il ne connaissait pas. Il savait qu’un jour, son univers devait s’y crasher, mais il n’aurait jamais imaginé que ce jour arriverait aussi tôt. Il pensait jouer plus longtemps, voire même indéfiniment. Il s’était trompé. Il n’a pas encore la majorité qu’il réalise sa naïveté.




(( Let's play safer,
Life is cruel ))
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Jeune adulte soucieux et mélancolique, ce n’est pas parce qu’il s’est retrouvé à faire des choix qui n’étaient pas forcément les siens que ses sourires sont moins réjouis, que son côté facteur semble s’être presque dissous par la maturité qu’il affiche, mais simplement la perte de son frère. Hyun représentait beaucoup de chose pour Jun, le grand-frère qui le couvrait dans ses gaffes, celui avec lequel il se laissait embarquer dans des situations qu’il savait sans fin, celui qui lui remontait le moral quand les impasses semblaient se cumuler, celui qui couvrait toujours ses arrières. « Tu veux m’accompagner à Jeju ? » lui avait-il demandé en poussant la porte de sa chambre, Jun ne lui avait pas lancé un regard, trop occupé à lire l’écran de son téléphone « Hm, une prochaine fois, j’ai des plans avec mes amis ». Un demi-mensonge, il n’avait simplement pas envie et même si ses plans n’étaient pas totalement fixés il savait déjà qu’il verrait sa bande d’ami. Hyun était ensuite venu s’installer sur le rebord de son lit dans lequel son frère était allongé et ensemble, ils avaient discuté de tout et de rien. Pas un seul instant, le cadet avait imaginé que leur temps ensemble était désormais décompté. S’il pouvait remonter le temps et rejouer cette nuit, il le ferait. Le regret a son visage désormais.

Déboussolé, inconsolable, il a beau essayer de tout détruire autour de lui, de s’autodétruire, mais rien n’arrive à apaiser cette colère interne qu’il ressent, à combler le vide laissé par l’ombre de son frère. Sur l’instant, il n’a pensé qu’à lui, il n’a vu que sa propre douleur. Personne ne pouvait le comprendre, personne ne savait ce qu’il pouvait ressentir. Pesait sur sa conscience de la culpabilité, « et si... ». Alors il s’est isolé, il est parti à Jeju pour partir à la recherche de son frère car l’urne funéraire est vide, l’océan n’a rendu aucun corps ou du moins le sien. Ne trouvant rien, impuissant, il s’est retrouvé à passer une année de scolarité sur l’île avec son meilleur ami. Heureusement qu’il était là, c’était grâce à lui qu’il essayait d’aller mieux : à force de le prétendre, il finirait par le devenir. Et puis, l’été est arrivé avec elle. Elle qui a pansé sans le savoir ses blessures, elle qui lui a tout simplement redonné goût à la vie. À son contact, il est redevenu l’enfant et l’adolescent qu’il avait été. Ses rires sans vie, presque forcés, ont commencé à résonner à nouveau. Ses petites lumières dans son regard, pleines de malices, lui sont revenues. Elle n’a pas de pouvoir, elle n’est pas une hugyeja, mais elle a un pouvoir plus réel que le sien. Mais confusion et malentendu les ont séparés. Elle a disparu, le laissant encore meurtri. Mais cette fois, il ne compte pas s’abandonner à nouveau, ni même l’abandonner elle.