C'était tombé comme ça, sur toi, sans que tu ne puisses réellement le comprendre. Tu ne parlais pas de l'amour, pas encore du moins, mais juste d'un ami qui semblait être adorable. On t'avait dit mainte fois de te méfier des gens mais tu ne pouvais t'empêcher de penser qu'il était réellement quelqu'un de bon. Peut être que tu te trompais et d'avoir échangé autant était une pure erreur, ou alors ton instinct ne te trompait pas et tu allais à contre courant. Tu faisais ce qui te semblais juste et rien que pour ça tu savais avoir raison.
Les circonstances de votre rencontre avaient été, particulières, dirais tu. Mais passer au delà vous aviez bien parler jusqu'à partager des chansons, des idées et surtout des photos de Poutchi. C'était bien peu commun de voir un homme paraissant si fermer aussi ouvert sur le sujet de son chien. Il l'aimait plus que tout et tu le sentais rien qu'avec le ton qu'il employait, rien que son regard qui pétillait et cette assurance nouvelle qu'il donnait.

Tu avais proposé ton aide sans réellement comprendre ce que cela voulait dire pour toi. Sans y penser tu avais sauté sur cette occasion pour voir tu monde, pour partager un bout de vie douce avec quelqu'un, profiter également d'un animal que tu ne pouvais avoir. Tu avais donc proposé de le garder lors de tes temps libres , bien que seule dans tes pensées tu te demandais quels étaient tes temps libres. Tu n'en avais presque jamais, et tu ne les aimais généralement pas. La solitude n'était pas ton fort, ce que tu préférais, bien au contraire elle t'angoissait te rendant meurtrie et peureuse d'une fin éventuelle. Alors qu'au travail tu n'y pensais que rarement. Sauf quand tu voyais ces patients, attendant tout comme toi, venant et revenant chaque jour à l'attente de cette nouvelle aussi bonne que mauvaise.
Prendre ce dont quelqu'un n'avait plus besoin, c'était semblable aux corbeaux attendant la mort avec impatience pour survivre. Bien loin de tes principes, mais si près de ta réalité.

Mais tu voulais la changer, penser à autre chose, changer les choses. Aujourd'hui d'ailleurs tout allait changé alors que tu nettoyais ton appartement, que tu changeais tes draps, que tu tentais d'occuper ton esprit encore une fois. Un bruit spécial te fit pencher la tête vers la fenêtre. Rien du côté de la rue. Alors d'où venait ces aboiements si peu commun ici? Etrange mais pas improbable. Jusqu'à la sonnerie de ta porte.

C'était dur, de bosser dans un hôpital. C'était difficile, et éprouvant. Autant physiquement que moralement. Ca demandait de la force psychologique, une volonté d'acier. T'en avais jamais douté. Tu l'avais toujours su, et c'était logique. Un rythme effréné, des heures de folie, des victimes à gérer, des familles à consoler, des vies à sauver. T'admirais tout le corps médical pour cette force de groupe qu'ils avaient. Pour cette solidarité une fois qu'une victime passait la porte – pas toujours, t'en convenais, il y avait des exceptions partout de toute manière. Chacun.e avait sa place dans cette grande roue et bientôt toi aussi. Ca te faisait peur, quelque part, mais en même temps t'avais tellement hâte. Hâte de pouvoir voler de tes propres ailes. Hâte de pouvoir exercer, de pouvoir sauver. Tu savais que tu allais en perdre aussi, des vies. Tu savais que ça n'allait pas être rose tous les jours mais ta motivation ne diminuait pas. T'allais sauver des vies. Tu voulais sauver des vies. Pour sauver mieux que toi. Pas que ta vie n'en valait pas la peine. Mais t'en avais pas réellement profité par rapport aux gens qui passaient les portes. C'était l'impression amère qui te restait an bouche quand tu lisais ton nom. Juste ton nom. Ton nom et les attentes. Ton nom et les fausses idées. Ton nom et les chuchotements. Ton nom et sa réputation. Ton nom et ceux qui se cachaient derrière. Ton nom et ce qu'on en disait. Ton nom et ce que l'on pensait.
Et t'avais pas vraiment d'ami.e.s non plus. C'était pas faute d'avoir essayé, pourtant. T'avais fini par laisser tomber. A quoi bon ? Les gens te jugeaient à ta façon de te tenir droit ou à ton nom et t'étais épuisé de le dire que non, t'étais pas comme ci, ou comme ça. Que oui, t'étais humain, t'avais des sentiments. T'avais aussi compris que si on s'approchait de toi, c'était pas par envie de te connaître. L'argent attirait. La réputation attirait. Mais toi non. Toi, t'étais que la plante qui servait à décorer l'ensemble. Alors tu te méfiais naturellement des autres.

Tu te méfiais naturellement d'elle. Enfin tu essayais. Mais quelque chose dans son regard t'avais dit que ça n'en valait pas la peine. Cependant tu devais rester sur tes gardes. Après tout, Lucifer aussi avait été un ange, n'est-ce pas ? Tu savais que les gens portaient des masques, se montrer gentils pour pouvoir mieux casser ensuite. Mais... avec elle, c'était quand même différent. Tu l'avais remarqué, il n'y avait pas de jugement qui brillait dans ses pupilles. T'étais juste trop méfiant et ça finira par te retomber dessus un jour.

En attendant tu te retrouvais là, et tu pensais vraiment que t'avais l'air d'un abruti fini. Poutchi faisait joyeusement sa vie au bout de sa laisse, quelques sons joyeux lui échappant alors qu'il sautillait sur place et tu savais même pas pourquoi il semblait si heureux – enfin si, les friandises dans ta poche étaient une bonne raison. Tu te raclas la gorge, un regard vers le canidé, avant de sonner à la porte. Ton dos se raidit, ta tête bien droite et tes doigts serrés sur la laisse du chien. T'avais l'impression que tu devais pas être là... mais t'avais une bonne raison ! « Salut », que tu lâchas quand la porte s'ouvrit, un fin sourire crispé attaché à tes lèvres. « C'est euh... Poutchi », et le chien était bien joyeux de la voir, sautillant devant elle sans trop oser lui sauter dessus – mais tu le voyais, l'envie était là. « Tu vas bien ? », t'aurais peut-être dû commencer par là, politesse, tout ça... Ton sourire se détendit un peu, une fine couche de gêne se posant sur ton visage... et tu restas silencieux. Avant qu'un petit « Oh » ne glisse sur tes lèvres – elle pouvait pas deviner pourquoi tu te tenais là comme un idiot, fallait peut-être lui dire, non ? « Tu as oublié ça », tu sortis l'objet de ta poche et lui tendit sans plus attendre. « Je me suis permis de voir où tu habitais... J'aurais pu te le rendre au travail c'est vrai mais t'y étais pas alors euh... », alors t'avais fait ton stalker, bravo. 10/10. « Et hum... je me suis dit que je pourrais en profiter pour te présenter Poutchi », elle avait dû comprendre quand tu lui avais présenté le canidé plus tôt... « Enfin oui voilà voilà... », tu te raclas la gorge, baissant le regard vers Poutchi qui semblait vouloir entrer et qui tournait devant elle pour revenir vers toi pour s'asseoir aux pieds de la jeune femme. Il avait l'air content.

Tu avais toujours eu ce côté solitaire malgré cette envie irremplaçable d'aider les autres. Mais tu n'étais pas l'idée qu'on se faisait de la fille populaire. Un père s'étant suicidé, une mère juge qui n'avait fait que blâmer son mari pour le pousser dans un fossé, trop souriante, trop gentille. Tu étais plutôt de celle qu'on aimait embêter, taquiner comme ils adoraient dire aux professeurs. Tu en riais encore. Dans une ironie sans fond. Mais tu n'avais cessé d'aimer l'humain, d'aimer aider les autres, d'être utile et de faire quelque chose de ta vie, sans l'argent, sans la renommée, juste ton pouvoir d'humaine à en aider d'autres. Quand tu avais eu ton stage en hôpital tu avais compris tout l'importance de ton rôle. Tu avais paniquée , tu avais beaucoup pleuré. Et puis tu t'étais rendue compte que c'était pas si terrible, que tu y arrivais bien, et que la misère que tu voyais, tu pouvais l'améliorer petit à petit à ton échelle. Et ça te donnait envie de te lever tous les matins ça.

C'était pas toujours facile d'être un peu à part, d'être tout seul alors qu'on aimait la compagnie des autres. C'était pas évident d'être confronter à l'hypocrisie, à l'avarice, à toutes ces choses qui caractérisaient les humains, leur donnait toute leur noirceur. C'était pas facile de croire les gens qu'ils disaient. Il fallait se méfier de tout le monde qu'ils disaient. Et pourtant t'avais jamais pu. Si tu n'aimais pas une personne tu ne lui parlais pas. SI tu ne sentais pas une personne sincère tu stoppais. Tu n'avais pas le temps de te méfier, tu prenais comme ils étaient avant de faire ton choix. De savoir si tu l'aimais ou pas. La preuve que ça ne marchait pas : ton ex. Tu l'avais pris entièrement , pour lui, et tu essuyais encore la vérité en te regardant dans le miroir. Tu demandais encore de quoi tu manquais, ce que tu aurais pu mieux faire. Tu te demandais encore ce que tu devais changer, ce qu'elles avaient.

Et pourtant tu continuais, tu refaisais ces erreurs encore encore, avec la conscience de savoir que se sont des erreurs. C'était ton pouvoir à toi. Enfin c'est ce que tu disais. Tu contrôlais en sachant qu'il t'était impossible de contrôler ta vie. Du moins pas entièrement. Ta maladie te donnait la preuve parfaite. Tu contrôlais, sans contrôler. Mais tu le savais , et chaque dialyse n'était qu'une course de gagner contre cette montre bruyante.

T'étais d'ailleurs un peu perdue dans tes pensées quand tu entendis tous ces bruits; Un chien, puis la sonnette. Etrange. Lâchant ton éponge tu essuyais tes mains plongées dans l'eau quelques secondes plus tôt et ouvris la porte avec cette naïveté imprudente qui te donna donc en spectacle. Ton tee shirt cent fois trop grand, l'absence de soutien gorge en dessous, les cheveux relevé dans un chignon défait, la dégaine des plus naturelles mais des plus messy également. Tu ne t'en rendis pas compte, pas de suite. Tu réalisais peu à peu en regardant le jeune homme face à toi, ta bouche s'ouvrant légèrement. " Et merde". " Poutchi.. " Oui tient parlons du chien. Un rire gêné t'échappa alors que ton regard descendait. Et tout disparaissait , la gêne y compris alors que tu t'accroupissait face à cette boule d'énergie. " Hey toi.. Poutchi c'est ça ? Moi ça va et toi ? " Relevant le visage tu te redressas d'un coup en prenant le porte feuille l'air soulagée. "Ah emrci !! Je pensais l'avoir oublié au travail effectivement c'est super gentil ! "Oui parce que tu ne voyais que la finalité et pas le fait que cette personne de presque inconnue connaissait ton adresse. De toute façon qui allait se méfier d'un propriétaire de chien? Pas toi. Tu souriais alors regardant le chien qui semblait impatient. " OH pardon rentrez rentrez. Je faisais le ménage du coup désolée si rien n'est vraiment présentable. " Tu te décalais alors après une caresse au chien refermant la porte derrière eux. " Tu peux le lâcher je vais juste m'habiller je ... enfin.. je vais prendre une douche. Je te fais un thé ou un café ? .. " Toutes tes idées étaient mélangées, sûrement parce que tu te rendais compte de l'endroit étroit dans lequel tu venais de les faire entrer et de ta tenue inappropriée. Une fois l'eau chaude prête tu lui préparais sa boisson pour ensuite la poser devant lui. "Je reviens. " Technique de disparition parfaitement maîtrisée.

" "

T'étais bien trop accès sur la méfiance pour ton bien. Tu t'y accrochais comme si c'était une bouée, un moyen de t'échapper. Une excuse pour partir, pour ne pas parler, pour rester dans ton coin. En vrai t'avais juste peur. T'étais juste effrayé à l'idée qu'on puisse te parler juste pour profiter. Profiter de toi, de ton nom, de ton argent, de ta gentillesse. Parce que tu l'étais, gentil. Cela pouvait surprendre, mais c'était la vérité. T'étais gentil, à l'écoute, et attentionné. Tu prenais soin de tes proches, tu faisais attention à eux. Tu les dorlotais, et pas forcément avec des mots, mais souvent avec des gestes. Parce que les gestes parlaient plus que les mots, n'est-ce pas ? Les mots ne pouvaient être que mensonges, que trahisons. On pouvait te dire qu'on t'appréciait alors que l'on riait, alors que l'on se moquait ouvertement de toi. Le corps ne trahissait pas. Les mots oui. T'avais appris durement la leçon. C'était pour ça que tu te méfiais, que tu faisais trop attention aux actions des gens autour de toi. Que tu restais bloqué sur les regards plein de jugement, ceux qui fixaient. C'était pour ça que tu restais trop focalisé sur leurs regards. Tu te concentrais sur la lueur qui y brillait. Parce que tu voulais savoir, tu voulais comprendre. Te parlait-on parce que l'on voulait apprendre à te connaître ? S'adressait-on à toi parce que t'étais le fils du Docteur Bae ? Voulait-on simplement être dans tes bonnes grâces pour être dans celles de ton père ? S'ils savaient tous que ça ne fonctionnait pas comme ça, ils n'essayeraient même plus. Certains n'essayaient pas. Certains te détestaient juste parce que tu t'appelais Bae. C'était idiot, non ? Tu l'avais pas choisi, en plus, ton nom. Personne ne choisissait le sien, certes, mais toi tu l'avais pas vraiment voulu. Aujourd'hui tu l'avais pas vraiment souhaité. T'aurais voulu avoir un nom qui te donnait l'impression de faire parti de quelque chose, de faire parti d'une famille. T'étais juste un pion sur un échiquier. Ton rêve de famille s'était brisée en même temps que la baguette de la gouvernante s'abattait sur tes doigts. Tu te méfiais. Naturellement. C'était instinctif pour toi. C'était pour ta survie. Pour la survie de ton cœur.

Une fine esquisse gênée orna tes lèvres alors que tu la regardais, le chien couinant joyeusement à tes côtés. T'avais l'impression qu'il retrouvait une vieille amie et que t'étais juste là pour l'accompagner. « Je vais bien. Super bien », super méga bien... t'avais l'air un peu con là non ? Sans doute. « Tu l'avais oublié au travail oui... mais je me suis dit que t'en aurais besoin. Alors... oui », pourquoi t'expliquais ? Pourquoi tu t'enfonçais ? Tu pouvais pas juste te faire, dire que c'était normal et partir ? « Pardon pour le dérangement... », que tu susurras en entrant, un brin hésitant, gêné. Tu voulais pas la déranger, la couper dans son élan. « Je peux... », tu montras la porte. « Je veux dire je veux pas gêner », que tu déclaras dans un petit sourire. Mais l'idée de déjà partir te décevait un peu. Peut-être que tu cherchais la compagnie, tout compte fait. Tu hochas doucement le visage, lâchant Poutchi qui s'en donna à cœur joie pour courir partout. Il était pas trop gêné, lui au moins. « Oh euh oui. Pas de soucis. Je t'en prie. Fais comme chez toi », t'étais vraiment bête en fait ou tu le faisais exprès ??? T'étais pas chez elle peut-être ? Tes joues rosirent faiblement et tu te pinças les lèvres, levant le regard vers un autre coin, innocent. « Je prendrai un thé », tu fis un léger signe de la main. Elle pouvait aller faire ce qu'elle avait à faire... elle était chez elle après tout, t'avais pas oublié. « Pas de soucis », que tu murmuras en la regardant s'éloigner.

Tu savais pas vraiment combien de temps t'étais resté immobile. Poutchi te sortit de tes pensées en te fonçant dessus, avant de te regarder comme si c'était ta faute d'être dans le passage. Il te sauta dessus, bien trop heureux, avant de repartir faire sa vie... ailleurs. T'espérais qu'il ne fasse pas n'importe quoi. Tu te décidas à prendre place, t'asseyant sur le canapé histoire de pas rester débout comme un abruti fini. Tu observas la décoration, en silence, suivant Poutchi du regard quand il passait. « J'espère qu'il n'a pas fait de dégâts », que tu dis quand elle revint, le regard désolé levé vers elle. « Il a l'air content. Il adore voir des gens et... », bon elle était seule mais... « Il est juste très content », tu souris quelque peu, incertain, perdu. « Bonne douche ? », la chose la plus normale à demander, tout à fait. « Désolé... d'être venu à l'improviste surtout que tu semblais être occupée »

Il y avait ces gens qui regardaient observaient dans l'ombre, et ceux qui allaient au front, sans même comprendre ce qu'ils allaient rencontrer. Un peu comme toi. Tu abandonnais même ton amour propre pour t'occuper des autres, abandonner ton propre bonheur pour celui des autres, c'était le voeu que tu avais fait. Celui que tu trimballais comme un sac bien trop lourd pour toi. Tu te souviens de ces mots ancrés sur une feuille volante, de cette répercussion sur ta vie. Oui les autres avaient ce pouvoir de crier une vie, même deux, et pourtant tu te dévouais à ces personnes. Peut être parce que tu voulais être ce poids sur la balance. Celui qui dirait que tout irait bien. Celui qui empêchait cette main coupable de commettre un geste qu'il regretterait. Tu voulais être cette voix douce et chaude qui rassurait. Mais le faire comprendre était plus compliqué que tu ne l'aurais pensé. La douceur, la gentillesse avait quitté ce monde et rendait les gens peureux, méfiants. A l'école tu étais alors passée pour une manipulatrice, une fille en manque d'amour qui cherchait la compagnie des gens par tous les moyens. Tu avais vu ta gentillesse usée et rejetée pour une peur que tu ne comprenais finalement pas. Mais tu continuais, tes patients semblaient appréciés cela. Alors tu continuais même dans ta vie privée, finalement tu étais comme ça, le destin même ne pouvait t'enlever cette partie qui semblait être là depuis le début.

Des mises en garde, des doutes ,des peurs, des conseils. Tu en avais vu des choses, tu en avais crains des retours de bâton. Tu en avais souffert, tu en avais pleuré, encore aujourd'hui tu te demandais parfois ce que cela faisait d'être différent. Mais tu ne pouvais changer. Et tu ne voulais pas changer. PAs quand tu voyais Jae Yoon devant ta porte, aussi mal à l'aise que gentil. " Tant mieux alors. " Ton sourire était amusé, mais heureux, qu'il aille super bien. Prenant alors ton porte feuille tu le remercias en l'invitant. "Effectivement ça aurait été problématique très vite. Encore merci je suis chanceuse que se soit toi qui l'ait trouvé. " Tu oubliais volontairement ce "dérangement". Tu ne voulais pas répondre à quelque chose de faux. Et alors qu'il hésitait tu prenais son poignet pour le faire entrer souriant toujours autant. Peut être qu'il avait de quoi se sentir mal à l'aise, mais tu étais réellement contente d'avoir de la visite. "Tu ne gênes pas je suis vraiment contente. " Tu allais juste laisser un inconnu chez toi pendant que tu prendrais ta douche. Le problème ? Pour toi tu voyais ça comme une impolitesse. Pour tout le monde ça aurait été une vraie source de stress et d'insécurité. Chacun son truc. Un rire t'échappa à sa réponse hochant doucement la tête. " Merci. Allons y pour un thé alors. " Tu prenais un bol que tu remplissais d'eau pour Poutchi lui laissant sur le sol après une caresse, pour ensuite faire le thé de son maître. Une fois fait tu lui donnais alors en t'excusant et t'éclipsant assez rapidement , prenant juste quelques minutes pour trouver et prendre des affaires de rechange, la tenue " ménage célibataire" n'étant pas un vêtement que tu voulais montrer au monde entier. Déjà qu'il avait vu tes sous vêtements. Rien que cette idée te faisait te frapper la tête contre un mur.

Il ne s'était passé pas plus de dix minutes mais tu trouvais cela déjà énorme pour le pauvre invité. Tellement que tu emballas tes cheveux mouillés dans une serviette d'une façon bien approximative sortant enfin de la les joues rouges de la chaleur engendrée par l'eau. "Ah il n'y a pas grands dégâts à faire. "Ta maison n'était clairement pas grande et les affaires étaient pour le coup rangées, ou inexistants. "Ça fait plaisir alors .. je suis contente de vous voir aussi. Hein Poutchi.. j'ai entendu parlé de toiii " Tu t'accroupissais alors pour caresser le foufou du moment complètement gaga. " Bonne douche oui ça fait du bien. " Tu riais un peu avant de te redresser le regardant. " Ah non j'ai tout fini et ça fait plaisir d'avoir des gens ... je ne reçois personne et je ne vois pas grand monde non plus alors je suis contente. Tu ne travaillais pas aujourd'hui ?" Fut ta surprise alors que tu enlevais cette serviette de tes cheveux pour les laisser détaché et mouillé. Bonne idée pour attraper froid. "Vous avez mangé ? " Oui Poutchi comptait aussi. Tu serais ravie de leur faire à manger et de profiter d'un moment convivial.

" "

Tu ne voulais pas être blessé. Tu ne voulais plus être blessé. Tu ne voulais plus être trop naïf, trop idiot, trop con. Tu n'avais pas envie de te faire avoir. Plus comme ça. Plus comme avant. T'avais plus envie d'accorder ta confiance à des gens qui ne la méritait pas. Qui ne la méritait plus. T'avais été trop sali – tu étais trop sali – par ces mensonges vils et pervers sur ta personne. Par ces mots traîtres, trop doux pour être vrais. Tu voulais plus te retrouver là, planté comme un con, après avoir compris qu'on s'était moqué de toi, qu'on t'avait utilisé pour son propre bonheur quitte à mettre le tien dans le fond à droite. Tu voulais plus être une poupée qu'on dirigeait. Tu voulais choisir, décider, contrôler. Tu supposais avoir trop donné, déjà. De toi, de ta personne, de ton énergie, de ta gentillesse. Tu ne voulais plus. Tu ne pouvais plus. T'étais épuisé de tout ça dans le fond. Les personnes biens, les bonnes personnes, subissaient pour celles qui t'avaient blessé. Tu te braquais, tu reculais et tu te fermais. Tu restais éloigné plutôt que de t'approcher...
Sauf d'elle. T'aurais pu poser le porte-feuille et partir. T'aurais pu lui envoyer par la poste, lui rendre au travail... T'aurais pu faire autre chose plutôt que de te ramener chez elle comme une fleur. T'avais l'air con et tu l'avais cherché tout seul pour le coup.

Et tu savais pas si tu faisais bien. Si c'était une bonne chose de tenter. Tu savais pas si tu fonçais droit dans un mur la bouche en cœur ou si... tu te prenais la tête pour rien. Sans doute la deuxième option. Poutchi semblait l'apprécier – et les chiens savaient repérer les bonnes personnes t'en étais persuadé . « De rien, c'est normal », normal de se pointer chez une collègue que tu connaissais à peine pour lui rendre son porte-feuille ? T'allais devoir revoir ta définition de « normal ». Et « d'idiot » aussi. « Si c'est pas moi ça aurait été quelqu'un d'autre ça aurait pas été perdu... », que tu dis doucement dans un mouvement d'épaules, une petite grimace au visage. « Je suppose » rajoutas-tu, pas très sûr de toi. Tu optas pour la moue surprise quand elle te fit entrer. Tu t'étais pas vraiment attendu à rentrer chez elle... Tu comptais juste passer, lui rendre son bien et repartir aussi vite que t'étais venu mais... elle en avait décidé autrement. « C'est gentil », chuchotas-lentement, pas certain de ce que tu devais dire. Ou pas dire. T'étais un peu mal à l'aise, oui. Et ça devait se voir. « Merci beaucoup », tu courbas poliment ton visage en signe de reconnaissance, remarquant que Poutchi faisait sa vie. Tu restas seul ensuite, patientant sagement pendant qu'elle prenait sa douche. T'osais pas vraiment bouger. T'osais à peine regarder autour de toi.

« Il trouverait des dégâts à faire », tu ris discrètement en jetant un regard vers le chien. Il trouverait quelque chose à bousiller, t'en étais sûr. Tes pommettes rosirent doucement et tu te mis à sourire, observant à nouveau le chien qui semblait heureux d'être le centre de l'attention. Tu clignas des paupières, perplexe, l'observant discrètement, le visage penché. Elle ne recevait personne ? T'aurais pourtant cru qu'elle aurait masse d'ami.e.s qui passeraient chez elle. « Personne ? », tu fis une moue discrète. « Non je suis en repos. Toi aussi ? », t'étais con ou t'étais con ? « Je veux dire.. oui. Le repos. Ca fait du bien... de se reposer », t'étais définitivement con. Tu tentas un sourire, avalant une gorgée de ton thé, tentant de t'y noyer. « Poutchi te dira toujours qu'il a pas mangé », tu te mis à rire, savourant une autre gorgée de ta boisson. « J'ai mangé... ce matin », tu fronças quelque peu les sourcils. Elle allait quand même pas te faire à manger... si ? Non. Ca te mettrait trop mal à l'aise, t'étais juste venu lui rendre son porte-feuille pas te faire servir un repas. « Tu devrais te sécher les cheveux », que tu lui conseillas pour tenter de changer de sujet, tes doigts frôlant à peine ses mèches mouillés. « Avant que tu tombes malade. Même s'il fait super bon chez toi, c'est à température ambiante », tu hochas quelque peu le visage, te raclant la gorge. « Le thé est super bon », tu levas ta tasse dans une fine esquisse. Poutchi faisait à nouveau sa vie, allant et venant entre elle et toi comme un gosse qui réclamait toute l'attention du monde. Quand il comprit que tu n'allais pas la lui donner, il resta auprès de So Hyun, la fixant dans un air suppliant. « Il veut des câlins », dis-tu, amusé par le comportement de ton chien. Si tu te mettais assis par terre avec un air implorant t'aurais des câlins aussi ?
Tu avalas tranquillement ta boisson...vite fait. Tu te mis à tousser soudainement, déposant la tasse alors que tes yeux te piquaient.
T'étais bizarre, t'étais spécial, t'étais con, et en plus de ça, t'étais en train de t'étouffer parce que tu savais pas boire un malheureux thé. T'avais quel âge déjà ??

Les gens gentils étaient plus rares qu'on ne le pensait parce qu'ils se cachaient. Les gens ne faisaient pas leur mystérieux et charismatique côté par envie d'être reconnu comme le nouveau Sasuke. Seuls certains idiots s'appliquaient à cette tâche. Non les gens gentils jouaient les gros bras parce qu'ils savaient qu'ils allaient souffrir, qu'ils allaient être en première ligne pour la manipulation. Usé et blessé ils étaient à bout de force d'être toujours eux. Et tu avais eu ces pensées aussi : te fermer, devenir hermétique. Ne jamais ouvrir à ton ex lorsqu'il revenait demander de l'aide. Tu avais pensé à dire d'aller se faire voir toutes personnes qui te cherchait des noises, ou bien celles qui voulaient t'utiliser, mais tu n'étais pas assez fatiguée. Tu côtoyais la mort, la maladie chaque jour ,et tu trouvais ça plus épuisant pour toi de jouer un rôle que d'être celle que tu étais. Si t'utiliser était bénéfique alors pourquoi pas.
Mais il était différent Jae Yoon. Tu le sentais, ce bon fond qui était là et ne demandait qu'à être connu. Il était un peu maladroit et tu pouvais t'inquiéter pour lui, mais il était serviable et tu étais sûre qu'il était bien plus qu'il ne voulait le montrer.

Alors oui , le voir à ta porte t'avait fortement surprise, l'inviter chez toi une initiative. Tu croyais aux animaux et leur sixième sens, et tu croyais fortement que si son chien l'aimait alors il était une bonne personne. Tu n'allais pas cacher que cette visite inattendue était la meilleure nouvelle de ta journée, et qu'elle te donnait le sourire."Beaucoup de gens l'auraient pris ou laisser. Tu es vraiment un des seuls à venir me le rapporter alors.. merci. " A vrai dire, refaire tous tes papiers aurait été la pire chose qui aurait pu t'arriver en ces temps. Tu l'invitais donc et tu fus ravie qu'il accepte caressant Poutchi qui n'avait aucune difficulté à se trouver une maison partout où il allait. Mais parce que vos vies n'avaient rien de normal, tu allais prendre ta douche, laissant un inconnu et son chien chez toi, dans le plus grand des calmes.

Tu t'excusais de l'avoir laissé, comme si ces excuses règleraient absolument tout, comme si ton éclipse dans la salle de bain serait oublié. " Au pire ce n'est pas grave, je n'ai rien de valeur. ". Il n'y avait qu'à voir ton appartement, rien ne semblait valoir le coup de pleurer pour. Souriant doucement tu t'installais alors. " Non je n'ai pas vraiment d'amis et le travail me prend énormément de temps, alors je reste seule à la maison ou je fais le ménage, course. C'est pas hyper passionnant. "Avouais tu sans qu'on ne te l'ait demandé. Tout comme Joe Yoon qui cherchait à se rattraper d'une question un peu idiote , mais loin d'être totalement improbable. Riant alors doucement tu hochas la tête. "Oui le repos ça fait énormément de bien. "Regardant alors le petit être à poils qui trouvait sûrement l'habitat à son goût tu riais doucement avant de froncer les sourcils regardant alors ton collègue avec des petits yeux.Tu allais lui dire que manger le matin ne suffisait pas mais il te coupa dans cet élan en parlant de tes cheveux. " Oh.. "Tout ton corps se figea à son geste. Peut être que tu manquais cruellement d'interaction basique avec les gens, ou bien d'attention, car ce simple geste et attention fit battre un peu trop ton coeur. " ah heu oui.. merci. " Tu te levais alors rapidement les joues rouges pour aller chercher une serviette et sécher tes cheveux comme tu le devais. Mais tu devais rapidement abandonné tes cheveux pour aller caresser le petit être qui réclamait des attentions à ne plus en savoir quoi faire. C'était un trait de caractère chez les animaux, enfin pour beaucoup. Riant doucement tu continuais de lui procurer moult caresses et attentions. "Ça doit être tellement bien d'avoir un animal de compagnie. On doit se sentir moins seul. " Tu le traitais sûrement comme un gamin mais au moins tu aurais quelqu'un à qui parler. Peut être que tu te prendrais un chat...
Bien vite tu te redressais pour revenir aux côtés de Jae Yoon, adulte, responsable, futur médecin et .. en train de s'étouffer avec son thé. Tapotant alors son dos tu avais attrapé un mouchoir en même temps venant le coller à ses lèvres pour les essuyer. "Ça va ? Fais attention à toi.. " Mais tu ne pouvais empêcher ce rire de t'échapper. " Pardon.. Mais on se ressemble beaucoup je trouve. " Souriant doucement tu le détaillais un instant, une seconde de trop peut être. Depuis quand l'hôpital était rempli de beaux garçons? C'était un motif de plainte. " Je vais faire à manger. Qu'est ce que tu aimes ? " Tu le connaîtrais mieux ainsi également.


" "